vendredi, novembre 24, 2006

Le trop est l'ennemi du bien

Hier, je suis allé voir la « Folie d’Héraclès » à la Comédie.
Tout au long du spectacle, j’ai pensé au billet que j’allais écrire sur ce blog au sujet de cette pièce.
Je voulais vous dire le sentiment d’ennui que j’ai ressenti.
Je voulais vous parler de ces longs monologues presque inintelligibles, de la mauvaise diction des acteurs (pas tous, mais presque)
Je voulais vous parler de certaines trouvailles scéniques, de certains moments de pure beauté*, mais qui tombent comme des cheveux sur une soupe tiède.
Je voulais vous parler de la nouvelle manie des metteurs en scène de mettre un chœur sur la scène, un chœur d’amateur, de gens de la rue, c’est toujours mieux.
Je voulais vous entretenir du manque de liens entre les choses, du manque de cohérence, du patchwork qui nous est montré, un mélange de comédie, burlesque, tragique et musicale.
Je pensais que le trop est l’ennemi du bien, qu’un velouté de poireaux est souvent meilleur qu’une soupe pleine de légumes divers.
Quoique, c’est bon la soupe aux légumes ! Mais alors, qu’est-ce qui faisait que tous ces légumes manquaient de goût une fois mis ensemble ? Le lien d’une pièce est souvent dans le texte. Et hier, c’était le texte qui était particulièrement nul, redondant, avec des figures grossières, des jeux d’anachronisme à la limite du ridicule.

Oui, hier, pendant 1h40, j’ai eu le temps de penser à ce billet, et à la fin, devant la gêne du public forcé d’applaudir, je savais que j’allais vous dire de ne pas y aller.

Franz-Bruno B.

*quand Iris déroule sa robe arc-en-ciel avant de s'envoler

mardi, novembre 21, 2006

Maladie électorale

Chère Ségolène,

Je ne suis pas un fan de la première heure,
Je ne suis pas sûr que le "désir" te fasse avancer aussi loin que tu le voudrais,
Je crois que le blanc, c'est salissant,

Mais en ces temps d'anorexie morbide, où on n'a plus envie de manger des pommes,
Connais-tu cette maladie qui ressemble à celle de ces jeunes filles en mal de podium ?
Il s’agit de la sarcopénie, qui se caractérise par une perte de muscle et de force.

L’étymologie de sarcopénie me laisse de marbre:
Ça vient du grec Sarco, qui signifie chair, et pénie, disparition.

Et si, chair Ségolène, tu disparaissais,
Aurait-on un deuxième tour Sarko-Lepen ?

jeudi, novembre 16, 2006

Jeune en galère : fais-toi boy-scout (et prend un vieux)

Ce soir le bô Massimo Lorenzi était sur Léman Bleu en tant que parrain d’un projet de mentorat. Il s’agit d’aider les jeunes entre 18 et 25 ans en rupture professionnelle, scolaire et/ou dépendant de l’aide sociale, en leur apportant le soutien d’un mentor, soit une personne qui a « une certaine expérience de la vie », et d’après ce que j’ai compris, au moins dans la 50ène, à la retraite c’est mieux.

Cette belle initiative me laisse septique et me semble être une parfaite illustration du joyeux mélange des genres avec lequel on aborde « les jeunes », notamment ceux qui « galèrent » ou qui « zonent ».

Si l’on veut donner à ces jeunes des mentors c’est, dixit le bô Massimo, pour deux raisons :

- Responsabiliser ces jeunes. C’est une mesure qui repose sur « la motivation » (le bô Massimo devrait savoir que « motivation » ça fait direction des ressources humaines à la papa, il faudrait dire « coaching », english is so horney)

- Recréer du lien. On est dans le discours des jeunes « désocialisés », qui n’ont plus de liens, de repères, de civilité. Les « vieux » mentors sont dépositaires de bons vieux savoirs, ce sont des bibliothèques de recettes de confiture et de côte de bettes, qu’ils doivent transmettre à ces « jeunes » qui n’ont plus, comme dans le bon vieux temps, de savoir vivre.

Mais le vrai problème de ces « jeunes » c’est de n’avoir pas de perspectives professionnelles, de ne pas arriver à décrocher un apprentissage, un stage, un entretien… En quoi la génération qui a grandi et forgé ses valeurs pendant les 30 glorieuses peut aider ces jeunes ? Ils se débattent dans un environnement économique radicalement différent de celui de leur aînés, qui pour certains, soit dit en passant, ont été professionnellement mis sur la touche par ces changements économiques. Comment les «vieux » peuvent ils transmettre les codes qui sont aujourd’hui pertinents sur le marché de l’emploi ? Ils ont connu le CDI, ils ont travaillé toute leur vie dans une ou deux entreprises, ils étaient attaché à leur métier. Aujourd’hui il faut être flexible, mobile, disposé au changement, travailler sur des projets. Les vieux parlent en terme d’emploi, aujourd’hui on parle d’activité. Ils avaient des qualifications, on cherche des compétences.

Donc pour la motivation (enfin le coaching), on est d’accord, c’est mal parti. Pour ce qui est des bonnes vieilles valeurs, de la morale et des tartes aux pommes comme d’antan, ça fait sourire, c’est mignon, ça mange pas de pain, mais ça n’a rien à voir avec la choucroute. C’est assez dans le genre du bô Massimo : boy-scout.

lundi, novembre 13, 2006

On devrait toujours aller faire pipi pendant la pub

Message édifiant de l'UBS dans sa dernière pub télé : si leur banque est tellement performante, c'est grâce aux hobbies de ses employés. Par exemple Ueli est yoddleur à ses heures perdues ; Doris, pompier ; Beat lui est historien. Un vrai métier pour l'UBS c'est analyste, conseiller clientèle, monteur d'usine à gaz juridique pour faire des trusts anonymes... Historien par contre, c'est juste un hobby, un truc entre la collection de timbres et la généalogie. On notera que pour l'UBS un historien ça se passionne (on n'étudie pas l'histoire, ça se saurait) pour les ruines, les vieux cailloux et les civilisations englouties. En revanche s'intéresser aux relations des banques avec le IIIe Reich (cf. la rediffusion de "L'honneur perdu de la Suisse"), n'est sans doute pas pour l'UBS de l'histoire, mais une activité subversive et antipatriotique (et bien inutile...)
Avis à tous les amis des humanités...

Sinon, Infrarouge continue d'être le relais de l'agenda de l'UDC, au menu cette semaine, et dans la finesse qui caractérise les thèmes de cette émission : "Bex, capitale de dealers ?". Que tous nos lecteurs de South Los Angeles, du 93 et de la banlieue de Kaboul se rassurent : voilà Bex !

Le paradoxe de la page 3

Le Temps de Samedi 11 novembre nous gratifie d’un article très profond, une très belle enquête, un article qui relègue la situation de la bande de Gaza au rang de simple faits divers. L’article est intitulé : « le paradoxe du petit bobo ».

J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un papier sur les petits maux qui nous font mal, les petits bobos de la chanson de Souchon. Après tout, c’est l’édition du week-end, il faut des articles qui concernent tout le monde.

Mais non, l’article est placé juste après les commentaires de Bernard Guetta et Beat Kappeler, en page 3, ça doit donc être plus sérieux.
En effet, l’article ne parlait pas du genou égratigné ou du coude tout bleu. Non, l’article s’interroge sur les « Bourgeois Bohèmes », les seuls bobos dignes d’intérêt pour un journal comme Le Temps.

Pour donner plus de poids au sujet (comme s’il en fallait, un sujet pareil, tu penses !), la journaliste a demandé à des personnalités de nous donner la définition du bobo. La plus belle nous viens de Renata Libal, redac’ en cheffe de Femina. « Le bobo est un nomade bien installé, ou le contraire : il voyage sac au dos, mais avec aisance. Bien intégré professionnellement, il a entre 35 et 50 ans ».
Voilà qui nous cerne bien le personnage du Bobo. Elle a oublié de mentionner qu’il est droitier, ... ou parfois gaucher, qu’il vit soit en ville ... ou à la campagne, et qu’il est généralement bipède.

Merci Renata.

Je crois que c’est un peu tout ça, le bobo, un truc dont on peut faire un article d’une page entière, un truc sur lequel tout le monde a un avis, pour conclure qu’il n’y a pas de définition très claire.

Oui, c’est ça le paradoxe du Bobo, il n’existe pas, mais il a droit à la page 3.

vendredi, novembre 03, 2006

Deux articles pour le prix d'un

Encore un bel exemple de journalisme cette semaine dans la Tribune de Genève.
Mardi, on apprenait que les cyclistes roulaient comme des fous, passaient au feu rouge, montaient sur les trottoirs. C'était un grand Article, une vraie Enquête, (le grand A et le grand E ne sont pas de trop). On imaginait les heures, voire les jours d'investigation, de recherche, assis sur une terrasse de bistrot à regarder passer les cyclistes qui roulent mal, et à retranscire les commentaires des râleurs de la table d'à côté.
Et cinq jours après, la Julie publie un autre article, qui a été provoqué par "le nombre important de réactions à l'article de mardi". Apparemment, de nombreux cyclistes ont pris leur plume pour dire que ce n'était pas les cyclistes les plus dangereux, et que si leur comportement au guidon pouvait paraître kamikaze, c'était avant tout une question de survie.

Et à lire l'article, on a l'impression que le journaliste découvre l'autre facette du problème et que la réalité peut être appréciée selon différents points de vue.

C'est peut-être ça maintenant, le journalisme:
Phase 1, décrivez ce que vous voyez, tout ce que vous voyez, sans aucun recul, et sans imaginer une seconde qu'il puisse y avoir une autre façon de voir.
Phase 2, attendez les réactions.
Phase 3, faites un résumé des réactions
Phase 4, publiez le résumé, comme si de rien n'était, en concluant quand même, que de tout façon, c'est du chacun pour soit, et que tout le monde pense différemment.

Avec un peu de chance, notre journaliste aura "de nombreuses réactions" à son deuxième article, ce qui lui permettra d'en écrire un troisième.