vendredi, novembre 03, 2006

Deux articles pour le prix d'un

Encore un bel exemple de journalisme cette semaine dans la Tribune de Genève.
Mardi, on apprenait que les cyclistes roulaient comme des fous, passaient au feu rouge, montaient sur les trottoirs. C'était un grand Article, une vraie Enquête, (le grand A et le grand E ne sont pas de trop). On imaginait les heures, voire les jours d'investigation, de recherche, assis sur une terrasse de bistrot à regarder passer les cyclistes qui roulent mal, et à retranscire les commentaires des râleurs de la table d'à côté.
Et cinq jours après, la Julie publie un autre article, qui a été provoqué par "le nombre important de réactions à l'article de mardi". Apparemment, de nombreux cyclistes ont pris leur plume pour dire que ce n'était pas les cyclistes les plus dangereux, et que si leur comportement au guidon pouvait paraître kamikaze, c'était avant tout une question de survie.

Et à lire l'article, on a l'impression que le journaliste découvre l'autre facette du problème et que la réalité peut être appréciée selon différents points de vue.

C'est peut-être ça maintenant, le journalisme:
Phase 1, décrivez ce que vous voyez, tout ce que vous voyez, sans aucun recul, et sans imaginer une seconde qu'il puisse y avoir une autre façon de voir.
Phase 2, attendez les réactions.
Phase 3, faites un résumé des réactions
Phase 4, publiez le résumé, comme si de rien n'était, en concluant quand même, que de tout façon, c'est du chacun pour soit, et que tout le monde pense différemment.

Avec un peu de chance, notre journaliste aura "de nombreuses réactions" à son deuxième article, ce qui lui permettra d'en écrire un troisième.