lundi, octobre 23, 2006

The Queen and the mother

Ce soir, je suis allé au cinéma avec Alice, Ludivine, Stéphane, Ann et Jean-Marc. Le choix unanime s’était porté sur « The Queen », le dernier Stefen Frears, avec Helen Mirren. Le film raconte une sorte de ménage à trois, entre Tony Blair, qui veut tout changer mais qui réalise qu’il est plus conservateur qu’il ne le pense, la Reine (Babette-Deux pour les intimes), qui veut tout conserver, mais qui finit par se rendre compte qu’il va falloir changer pour survivre, et enfin, celle par qui tout arrive, Diana, dont la mort est le leitmotiv, mais aussi le filigrane de tout le film.
On est tous sortis de ce film avec le sourire aux lèvres, content d’avoir vu ce qu’on appelle un « bon film », magistralement réalisé et interprété.
Ludivine, ma copine un peu people-vieille-gloire, qui lit Point de Vue-Image du Monde même quand elle ne va pas chez le dentiste, à adorer voir la famille royale de l’intérieur, de voir Babette en chemise de nuit, et Tony B. en maillot de foot en train de manger des bâtonnets de poisson cuit(siner) par Cherrie.
Ann, la seule qui puisse prétendre au titre de « sujet de sa gracieuse majesté », a beaucoup aimé la narration de l’impact de la presse sur la reine, qui au début préfère le « never complain, never explain » et décide de ne pas réagir au matraquage médiatique. Certes, la presse fait souvent beaucoup de bruit pour rien, mais dans ce cas, elle a relayé l’émotion de tout un peuple, émotion que Babette ne voulait pas voir.
Alice a adoré cette reine désuète, qui croit en son rôle dur comme fer, parce qu’elle n’a pas le choix, parce que si elle n’y croit plus, elle n’est plus rien.
Jean-Marc n’a vu dans ce film qu’une grande saga familiale. Et dans le cas précis, la grande famille, c’est le Royaume-Uni tout entier, avec des figures éternelles et des pièces rapportées, des brus qui ont davantage de charme que leur belle-mère et qui meurent trop tôt, et des « gendres » trop modernes, qui ont malheureusement raisons.
Ann a d’abord réagit fortement, en reniant le fait de faire partie de cette grande famille. Mais Stéphane, qui en est à sa troisième psychothérapie, et qui donne un sens psychanalytique à tout ce qu’il voit, a vu dans la reine une figure maternelle indéboulonnable (même Cherrie Blair remarque que la mère de Tony aurait eu le même âge que la reine). D’après Stéphane, le film montre que l’on peut se révolter contre la reine, avec toute la violence qu’on veut, car comme les mamans, les reines vous aimeront tout le temps, quoique vous fassiez. Ann était d’accord avec Stéphane et nous a rappelé que Tony Blair, jeune loup qui arrive sûr de son fait, finit par se montrer comme tous les Anglais, nés avec la reine, et inconsciemment persuadé qu’elle leur survivra.
Babette-Deux, elle est née il y a bien trop longtemps, du temps où son rôle ne consistait pas à être triste ni à être une maman pour son peuple.
D’ailleurs juste avant de prononcer son discours tant attendu, on lui transmet une modification au discours de la part de Downing Street : Après « I’m talking to you as your Queen », il faut ajouter :« and as a Grand Mother ». Et l’un de ces conseillers de lui demander. « Do you think you are able to say that ?».

F.-B. Bircher